Après quelques trajectoires complètement foirées et les frayeurs qui vont avec, la banane revient jusqu’aux oreilles lorsqu’on tourne la poignée qui n’en fini pas de tourner… mon dieu quel couple de camion ! Ça pousse, et ça pousse… quasiment 100km/h en première… je m’attendais plutôt à l’inverse… zone rouge à 9500tr/mn, on monte le rapport avant même que l’on cogne dans la zone rouge… c’est génial ! On s’amuse comme un fou à bord…
Avec sa robe toute noire, sa position radicale et son esprit purement américain, voici la NightRoad de chez Harley. Une nouveauté d’un peu plus de 1200cc développant 106cv en mode Français (140 en full stage 1 : échappement, cartographie d’injection) chez le concessionnaire américain datant de l’année dernière avec quelques modifications pour le modèle 2008 (ABS en option, freinage brembo, nouvelle déco…), remplacé en novembre par le modèle 2009. Autant dire que chez Harley, les modèles défilent à grands pas… pour que chaque série reste limitée et même numérotée… surtout qu’il y a un délais de 4 mois et demi avant livraison d’un modèle spécifique…
Ma démarche reste inchangée. Etant en couple et madame étant mal installée à l’arrière du Gex, il me faut trouver une moto offrant un compromis idéal entre la balade duo plaisir et les on / off en solo qui représente tout de même près de 90% du temps. Néanmoins, j’aimerais rester dans l’exclusivité comme je pouvais l’avoir chez Suzuki avec le GSX-R. Je ne me sens pas encore près à entrer dans le monde merveilleux de BMW malgré de superbes produits mais qui, à mes yeux s’adressent à une clientèle plus âgée que moi et je n’ai pas envie d’avoir l’impression de prendre la moto à papa… dirigeons nous alors vers une marque mythique, sans préjugé et avec un œil objectif vers Buell & Harley Davidson… qui sait !
Grands choix. Nous avons ici chez HD un large panel de moto disponible et il est difficile de s’arrêter sur un type de moto en particulier. Chaque moto étant unique ou presque, accessoirisable à l’infini ou presque et… accessoirement… déclinée de série en 2 voire 3 modèles différents pour un cadre identique… autant dire qu’à part votre budget, rien ne vous arrêtera tellement qu’elle sont aussi belle les unes que les autres… cette fois je triche un peu car je suis déjà venu plusieurs fois et j’avoue avoir fixé mes choix par avance sur 3 modèles spécifiques à savoir le Fat Bob, le V-Rod et le NightRod.
Les photos ont été prises en intérieur malheureusement n’étant pas libre de mes mouvements pour l’essai. De peur qu’il se mette à pleuvoir (étonnant pour un 1er juillet !), ils ont rentré les moto dans la concession avant que je puisse prendre quelques photo en extérieur. Oui car ici l’essai s’est passé avec le vendeur qui m’a proposé un circuit pré établi permettant de se faire une idée globale de la machine. Petites routes sinueuses, bosses, courbes lentes, rapides… grandes lignes droites pour pousser la bête… non je dois dire, que cet essai était parfait… débuté sur le dos du NightRod, nous avons échangé nos montures à mi chemin et j’ai ainsi terminé sur le dos du Fat Bob (moto de Terminator)… j’ai pu ainsi comparé un moteur à air avec un moteur à huile, pensé par Porsche… ça laisse rêveur !
Avant de me lancer dans quelques lignes essayant de vous raconter mon ressenti à bord quelques précisions tout de même. Tout d’abord le NightRod existe en deux finitions : brillant ou mat, question de goût. Le mat étant plus difficile à entretenir que le brillant, qui lui, offre une simplicité d’entretien. Le brillant en revanche tape moins à l’œil… je suppose que le choix lors du passage de commande doit être délicat… toutes les Harley 2008 sont équipée de série d’une solution de démarrage sans clé. On garde une sorte de carte dans le porte feuille et en s’approchant de la belle, l’alarme se désactive et l’injection se met en marche. Il suffit d’appuyer sur « on » pour démarrer et partir. Pareil en sens inverse. On s’arrête. On coupe le moteur. En s’éloignant de plus de 2m de la moto et en attendant un certain laps de temps, l’alarme clignote 3 fois pour signaler qu’elle s’est enclenchée mais ne clignote plus si l’on passe à côté. Le V-Rod et le Nightrod sont deux motos ayant le même châssis et proposant ainsi deux motos très proches en matière d’agrément de conduite. Seule la position de conduite diffère un peu. Le Night étant résolument plus sportif de part sa position de conduite plus sur l’avant que le V-Rod, offrant lui, une conduite plus « balade »…
Mise en bouche : A la mise du contact du NightRoad, nous avons à faire à un son vraiment doux, rond et plutôt sage. C’est fort bien sur, mais ça reste très doux comparativement au Fat Bob qui lui par contre raisonne et vibre dans tous les sens. Le NightRod semble plus sage à l’arrêt et relativement calfeutré de vibration. J’ai tout de même une sacrée banane rien que de monter sur le dos d’une Harley, il faut bien l’admettre. Que l’on aime ou pas ce genre de moto, ça fait quelque chose de monter dessus… on se prendrait presque pour Johnny qui vient de s’offrir ce modèle… mais HD n’insiste pas plus que ça sur cet argument… libre à chacun d’aimer ou non la philosophie Harley !
Les 5 premières minutes : Asseyez-vous sur la largeur d’un banc public. Imaginez ce banc avec deux roues et un guidon. Loin devant, les pieds se trouvent. Mais vraiment loin, tout sauf naturel lors des premiers instants. Le sélecteur se trouvant sur la pointe du pied, on se retrouve alors à conduire sur la talons. Quel changement ! J’ai eu du mal à me trouver à l’aise à bord ayant l’impression de n’avoir jamais roulé du tout… entre l’excitation d’essayer une telle machine et la tristesse de se sentir si mal à l’aise… les 5 premières minutes et les premières courbes furent un désastre, j’ai bien cru demander à faire demi tour tellement que c’est déroutant !
Ensuite : Finalement on s’habitue assez vite à cette nouvelle position de conduite. Jambes et bras tendus mais peu fatigante, on suppose que c’est le dos et plus précisément les reins qui morflent sur les longs trajets. Après quelques trajectoires complètement foirées et les frayeurs qui vont avec, la banane revient jusqu’aux oreilles lorsqu’on tourne la poignée qui n’en fini pas de tourner… mon dieu quel couple de camion ! Ça pousse, et ça pousse… quasiment 100km/h en première… je m’attendais plutôt à l’inverse… zone rouge à 9500tr/mn, on monte le rapport avant même que l’on cogne dans la zone rouge… c’est génial ! On s’amuse comme un fou à bord… seul la maniabilité de l’ensemble demande vraiment un temps d’adaptation… ne comparons pas l’incomparable mais autant avec le Gex on remet le gaz dans le virage, autant là on attend d’en sortir et d’être bien droit de peur de guidonner encore que le Night tient bien le cap…
Partie cycle : la maniabilité globale est délicate, mais est-ce un manque d’habitude ? Surement. L’empattement de la bête y joue pour beaucoup. Le pneu de 240 à l’arrière offre néanmoins une belle prise au sol qui met en confiance sur la remise des gaz même de manière brutale. Il faut savoir que les pneumatiques sont des Dunlop spéciale HD. Du coup les choix sont plutôt restreints, ce qui m’enchante peu… avec une autonomie de 12 à 15000km pour le boudin arrière, ça laisse tout de même de quoi voir venir… le freinage est excellent. Aussi bien de l’avant que de l’arrière, encore faut il réussir à taper le pied dans la pédale de frein vu son emplacement. Il faut carrément décoller le pied, c’est… chiant ! Peut être une question de réglage mais bon…
Partie moteur : Alors là, c’est la méchante claque. Autant sa, relative petite, cylindrée m’inquiétait un peu autant à l’essai y’a de quoi cramer à mort (expression du concessionnaire, oups !). Ça pousse super fort en bas et ça arrache tout en haut dans les tours. Ça tire sur les bras, ça gueule bien dans les pots même si ça ne pétarade pas (dommage !) lors des décélérations. Ce moteur est fabuleux et vraiment facile. Moi qui descend d’une sportive, je ne suis absolument pas destabilisé outre fait que ce soit un Twin… mais sincèrement, il est tellement souple que l’on retrouve des sensations moteur de la Ducati 1098, c’est peu dire…
Conclusion : Malgré toutes ces qualités, je reste tout de même un poil sur ma faim. Je ne pensais pas que c’était aussi vivant et plaisant à conduire mais une Harley pour moi c’est avant tout une gueule, un charisme et une sonorité. Et même si la note est rudement salée (près de 20000€ pour le NightRod et près de 18300€ pour le V-Rod en version full stock) on reste sur une note relativement fausse en matière de sonorité. Il faut alors ajouter une option pour avoir droit à un son relativement correcte mais qui n’a rien du son emblématique d’une bonne Harley qui vous casse les oreilles à 2h du matin en bas de chez vous… et c’est pourtant le minimum qu’on attend avec une telle pièce à ce tarif ! Donc forcément avec ce défaut principal, le jugement global de la bête semble entaché. L’une ou l’autre auront les mêmes soucis (VRod ou NightRod) et il faudra alors laisser tomber le refroidissement liquide pour se tourner vers un refroidissement à air afin de retrouver ces sensations… mise à part ce détail, le VRSC reste une excellente découverte et semble la plus accessible qu’il soit pour une première HD lorsqu’on descend d’une sportive qui ne demandait que ça… sa couleur noire, aussi belle soit elle lorsqu’elle est neuve me fait peur en matière d’entretien au quotidien… malgré tous ces petits détails le VRSC semble bien avoir touché mon cœur de jeune poireau sur route.
Voici le V-Rod ayant la même base que le NightRod. J’ai vraiment flashé sur ce modèle et je venais pour lui à la base. Ces deux pots bien gros, ces chromes, son cadre et son tableau de bord complet m’avaient tapé dans l’œil. Le Vrod existe depuis 1995 et est bien plus classique que le Night, lui étant bien plus radical, rebel. Le Vrod plus simple, contenporain, classique et ayant un plus grand nombre de chrome demandera alors un œil averti pour voir que c’est bel et bien une Harley. Pas besoin en revanche d’être un pro pour voir que le Night est bel et bien une Harley. C’est simple, tout le monde s’arrête devant le Nightrod dans le hall…
Je n’ai pas essayé ce VRod mais sa position de conduite semble plus droite permettant une approche différente du feu du Night et misant essentiellement sur la balade à deux. Le Night propose bien sur une balade à deux mais sera plus sportif dans la position. Cette position relativement sportive n’a rien à envier à celle sur mon Gex actuellement ceci étant 😉
Ne vous fiez pas trop à son guidon. Ici il s’agit d’une moto d’un propriétaire, venant faire une révision, plutôt grand et c’est lui seul qui a décidé de relever un peu le guidon. Je trouve le résultat plutôt vilain esthétiquement mais à son bord, on se sent vraiment à l’aise. Un détail, mais je trouve vilain les repose pieds en plastique ainsi que le sélecteur grossier. D’entrée de jeu à changer à mon goût, peut être par du Rizoma et encore, sur une Harley… lol
Donc voilà deux variantes d’un même modèle entre le VRod et le NightRod. 1500€ d’écart à peu près. Deux philosophies proches mais totalement différentes. Entre la sagesse et la passion… seul un nouvel essai à deux pourra éventuellement faire pencher mon choix tant j’aime les deux modèles… encore faudrait il que j’arrive à financer un tel projet pour le moment… encore un peu de patience donc…