Essai moto Panigale 1299S sur le circuit de Losail
Prenez votre rêve le plus fou, par exemple une Ducati. Pas n’importe quelle Ducati, une Ducati d’exception, celle qui est sur le podium dans le magasin et que vous osez à peine toucher du regard tellement qu’elle est sublime. Puis, cette Ducati que vous trouvez si magnifique et qui gronde même à l’arrêt n’a rien trouvé de mieux que d’avoir les clés sur le contact, d’être démarrée et personne autour… De plus, ce rêve se trouve sur le circuit mythique de Losail au Qatar où de toute manière les conditions sont toutes réunies pour avoir du plaisir sans aucune retenue… qu’est-ce qui vous empêche de vivre ce rêve éveillé ?
Panigale 1299S pour David Jazt sur le circuit de Losail au Qatar
C’est vrai qu’elle est magnifique cette 1299S Panigale Anniversaire et numéroté. De plus c’est un sacré placement, c’est la dernière grosse bicylindre de chez Ducati, il reste à ce jour 10 motos 1299S en stock chez le fabriquant, il n’y a plus de standard et elle n’est plus fabriquée. Elle respire le « must have » non ?
Evidemment, j’ai eu beaucoup de chance de m’en approcher à plusieurs reprises en allant chez Ducati Laval voir mon ami Jérôme et qui me donne envie avec ses belles Italiennes. Mais cette superbe moto sportive 1299S n’a-t-elle pas sa place plutôt sur piste ? Comme sur route elle est imposante…
Sur un circuit comme celui du Qatar à Doha, elle donne quoi la 1299S ? Vais-je enfin avoir l’argument de me donner une raison de craquer mon porte feuille ?
Panigale 1299S en Michelin Power RS sur le circuit de Losail
De plus, Losail est un lieu parfait pour ce genre de moto. Michelin nous propose lors de la découverte du MichelinPowerRS toutes les conditions réunies pour s’amuser avec des pneus de qualité. Si ça tient sur un 1299S Panigale, j’ai du mal à croire que ça ne puisse pas tenir sur un Z750…
La Panigale sur son terrain de jeu : le circuit de Losail
Le Panigale est démarré, ses feux son allumés, elle tremble sur sa béquille et le moteur chaud, elle n’attend plus que moi. Je vérifie une dernière fois que mon casque est bien attaché, que ma combarde est fermée jusqu’en haut, que mes gants sont bien mis et je m’enferme dans ma bulle en prenant en compte à quel point j’ai de la chance de pouvoir chevaucher la belle sur un tel terrain de jeu. Je quitte le paddock à 60km/h comme l’exige le règlement. Je vois Guillaume Dietrich à la sortie du pit qui m’indique de faire mes repères visuels en m’insérant sur la piste et de prendre le premier virage à la corde pour ne pas couper la route à celles et ceux qui arrivent pleine balle en bout de ligne droite devant les stands… je suis concentré au maximum… c’est partiiiiiii !!
Le 1299S Panigale et un caractère moto démoniaque
Ma première impression à bord c’est que je suis plutôt à l’aise sur la moto. les pieds tombent parfaitement bien sur les commandes, les bras sont posés et j’ai un sentiment de bien être général qui me met en confiance immédiatement. Ce tableau de bord face à moi m’indique une suite de 00″ qui me rappelle que je suis en mode « Race », autant dire pleine balle, ça va chier… je monte les 3 premiers rapports au shifter assez rapidement même si je m’attarde un peu à monter la seconde un peu plus dans les tours. J’arrive immédiatement dans la premier virage et je sais que la cavalerie va arriver sous mes fesses. Encore un peu timide j’effectue mon premier tour de roue et surtout de piste pour prendre mes repères. J’essaye de m’appliquer au maximum suite aux conseils de Jef (BMC Moto) en sortant la fesse sur l’intérieur du virage. Plus la session avance plus le plaisir monte…
Comme dans un état second à bord du 1299 S Panigale
La moto est presque « facile » finalement. Je suis plus à l’aise dessus que sur le S1000RR de chez BMW. J’adore le frein moteur sur le 1299S même si je sais qu’on peut le gérer de manière électronique, mais ici il me met en confiance. Rappelons juste que je ne cherche pas le chrono, je découvre la piste avec les pneus Michelin que je trouve particulièrement rassurant que ce soit sur l’angle ou sur les phases de freinages et de grosses accélérations… d’ailleurs, je suis dans le long gauche qui ne ferme pas et qui s’ouvre sur un triple droit derrière, je me mets à l’aise, je sors la fesse comme je peux, et j’accélère, j’accélère encore… une première pour moi je me retrouve à sauter sur les freins avant les virages moi qui aime tant les conduites coulées plutôt que saccader comme ici, je me laisse prendre au jeu… se retrouver sur l’angle et visser la poignée et d’apercevoir que l’on prend un virage à plus de 190km/h en toute sécurité sans aucune sensation de peur ou de crainte, avec des pneus qui collent à la route sans se poser de question, juste en se concentrant sur sa conduite et les trajectoires… c’est jouissif, vraiment ! Je reconnais ce virage droite qui ouvre sur la ligne droite… je me glisse entre les traces de freins et de manière instinctive je prends l’extérieur je me retrouve sur les bumper blanc et rouge qui défilent super vite, je mets la poignée en coin au milieu du virage en regardant la ligne d’horizon… la moto s’énerve méchamment, et se transforme en avion de chasse… mon champ de vision rétrécie violemment, et je suis quasiment en souffle coupé… ça pousse sa mère !!
Rupteur en fond de 4 sur le Panigale, je passe la 5 puis la 6 !
Je devine au loin la ligne d’arrivée et à peine sorti de ce virage, la moto rupte. Je sens que je perds l’avant pendant cette poussé, la moto se déleste de l’avant, ça ne me m’effraie pas plus que ça sauf que je pensais être en deux mais j’étais sur le 4ème rapport. Je ne percute pas forcément, je suis concentré sur ma conduite. Je monte, alors, la 5 et tout en voyant au loin le virage, j’ose passer la 6 avant même d’être trop haut dans les tours en 5 en continuant de visser la poignée de gaz. C’est jouissif ce Shifter, c’est du beurre en plus ! Je passe devant les stands et je devine Magali avec son pull saumon sur le bas côté de la route, elle passe sur ma droite rudement vite… Je pose le regard sur le compteur une fraction de seconde… 283km/h, je prends peur du chiffre et je coupe immédiatement les gaz en sachant que le virage s’approche rudement vite soudainement. Je saute sur le levier de frein que je tire vers moi sans me poser de question, sans prendre l’arrière de peur que ça puisse bloquer, et surtout en priant que tout se passe bien, je ne veux pas être le premier à finir dans le bac à sable ! Je pense soudainement à ma mère qui me hurlerait dessus de descendre de là et d’arrêter mes conneries, que la moto c’est bien mais pour les autres… maman, je t’aime ! Une 1299S Panigale ça freine et ça freine vraiment fort, aussi fort que ça pousse… les pneus collent toujours à la route, aucun signe de louvoiement, chose que je ressentais avec le comparatif des Power 3 sur la session précédente. Sensation désagréable mais pas non plus au point de se faire peur, le Power 3 reste un excellente pneu du haut de mon niveau de pilote entre le poireaux et la quiche du dimanche face aux copains qui eus me déboitent dans tous les sens… je sors alors la fesse un poil pour anticiper un peu le virage en me souvenant des conseils de Jef… certes, j’arrive un peu vite, surement trop vite par rapport à ce que j’oserais faire normalement, mais ça passe… ça passe rudement bien même et j’ose exagérer le mouvement encore… ça me donne une banane sous le casque, c’est génial !
En fait, c’est là que l’on mesure que sur circuit la vitesse c’est grisant et les virages c’est jouissif. J’aime tourner sur la droite plutôt que la gauche, chacun son côté préféré, mais j’ai du mal à trouver ma position sur la gauche et souvent je me retrouve à faire de faux tout droit en pilant comme un con de l’avant ce qui me réduit d’autant ma vitesse que je m’empresse de reprendre en sortant du virage. Je ne suis pas un pilote, je me le prouve… à chaque virage gauche, lol ! Au fur et a mesure que la session avance, je prends de plus en plus confiance envers la moto que j’adore. Elle est instinctive, elle se comporte exactement comme je le souhaite et elle est vraiment dynamique, avec une partie cycle incroyable et un moteur démoniaque tout en restant accessible je trouve. Je ne l’exploite pas comme il faudrait, c’est certains, mais je me laisse surprendre à être « à l’aise » sur ce 1300cc… on est loin d’un 600 sport quand même…
Plaisir proche du sexe !
Seuls ceux qui ont pu vivre une expérience proche de celle que j’ai pu vivre peuvent comprendre que la moto sur piste procure des sensations aussi fortes que le sexe. Et encore je n’insiste pas sur la moto elle-même pourtant ici il s’agit bien du 1299S Panigale… L’adrénaline du circuit, l’envie de bien faire, de prendre les bonnes trajectoires, de suivre les conseils des BMC, de profiter de chaque secondes qui passent, la moto sur laquelle on se trouve, le contexte avec Michelin qui nous bichonne, les pneus moto qui sont extraordinaires (et je ne dis pas ça parce que Michelin me demande de le dire, au contraire, lisez mon essai pneu moto Power RS, vous verrez !), puis Losail, le Qatar, les heures de vol, les copains que l’on rencontre et avec qui on créé de belles amitiés… C’est vraiment un autre univers le circuit, j’adore !