Silence, ça tourne !
Et je tiens vraiment à remercier très fortement Mickaël, Cyrille et Cédric pour leurs présence constante presque quotidienne, leurs conseils, mes remontés de moral qui chutaient parfois, mes pertes d’espoir d’évolution… mais également pour leurs nombreux services, être venu me chercher, m’avoir fait prendre l’air, m’avoir changé les idées… bref… m’avoir considéré comme je suis et non pas comme je paraissais avec mon handicape… vous trois, je vous dois beaucoup, énormément même… j’en ai le cœur serré que de vous écrire ces quelques lignes… je pense que vous y êtes beaucoup pour mon rétablissement rapide et le fait d’avoir en rien perdu cette passion pour la moto !
Les semaines passent et se ressemblent. Toujours ponctuées des même activités : kiné, papier d’assurances, combat avec l’expert pour la moto et le dédommagement de mes accessoires, complémentarité de salaire, justification auprès de l’assurance maladie, la mutuelle, les problèmes bancaires et j’en passe… la rengaine devient lassante et j’en suis même rendu aujourd’hui à rêver d’aller travailler, retrouver mes collègues de bureau qui me manque ainsi que l’ambiance vraiment agréable… mon petit bureau avec sa pile de projet en attente, mon pc, ma suite CS II… non franchement j’ai vraiment hâte de reprendre un train de vie « normal » !
Mon rétablissement a vite évolué. L’évolution de mes fractures aussi et c’est avec le sourire que je vais reprendre mon job avant la date préconisée initialement. Surtout qu’à l’origine mon chirurgien m’avait prévenu de complications possibles pouvant encore reporter ma date de reprise à janvier voire février ou mars si jamais je devais me faire réopérer. Je ne suis à l’abri de rien, je croise les doigts mais à priori tout est reparti dans le bon sens !
Il est rare que j’intervienne ici autre que pour raconter mes aventures de moto, de musique, avec mon chien et les sorties qui les accompagnent mais je me devais de faire publiquement quelques remerciements car sincèrement cette dure épreuve a été très difficile à vivre pour moi.
Au départ tout le monde est au petit soin, à votre attention à vos moindre faits et gestes. De belles paroles même viennent promettre des choses que vous n’avez même pas demandé où que vous trouvez démesurées, mais les gens se sentent obligé de vous les proposer par politesse, soit. Ceci étant, je ne suis pas dupe et me doute que la réalité sera bien différente de toutes ses promesses que les gens se sentent obligé de tenir. Ridicule. En effet, il est très rapide de constater que l’on se fait vite oublier alors que c’est justement après quelques semaines d’immobilisation que l’on a le plus besoin des autres. C’est un peu comme lorsque l’on arrête de fumer. Les premières semaines on tient bon et c’est entre la quatrième et la sixième semaine que l’on ressent au plus fort le besoin d’un soutient.
J’ai la chance, une terrible chance d’avoir des amis sur qui je peux compter et qui ont toujours répondu présent durant cette épreuve de la vie. En revanche j’ai été très étonné de voir le comportement d’autre personne se revendiquant comme des frères et sœurs depuis de si longues années et qui finalement on vraiment démontré une absence totale durant toute cette période. C’est vraiment dans ces moments là – où le moindre petit geste d’amitié ou d’affection – que tout devient démesurés et réchauffe le cœur. Mais cela fonctionne également dans l’autre sens. On se sent vraiment abandonné quand ceux qui se revendique comme proche de vous, vous ignore ou presque du fait de votre handicape : impossible de vous déplacer seul, de boire seul, de manger seul…je dormais au début près de 16h par jour par tranche de 2h30 / 3h sur le dos uniquement, supportais la présence d’une autre personne rarement plus de 30mn même si je ne disais rien, je m’endormais au téléphone (hein Christine !! lol), impossible de suivre une émission de tv complète, impossible d’utiliser ma main droite pour utiliser l’ordinateur : des heures pour écrire trois lignes, impossible d’utiliser la souris de la main gauche de manière fluide, un calvaire…
En fait, comme si mon nouvel état de santé était une fatalité ce qui remettait entièrement en cause notre relation. Bien souvent j’ai eu des doutes sur cette relation avec cette personne, une en particulier qui sur ce coup m’a énormément déçue, mais pas vraiment étonné. Déjà en temps normal, impossible de lui demander le moindre service sans que cela devienne une besogne démesurée au possible. Alors dans cette situation, tout se confirme. Et finalement ce n’est pas plus mal, car l’on devine mieux finalement où sont ses véritables amis sur qui on peut compter et de nos jours c’est une véritable richesse.
Mais dans cette aventure humaine, il y a aussi l’argent qui entre en jeux. C’est même 90% de votre temps cet argent. Cet argent que vous n’avez pas et que vous réclamez à gauche et à droite pour sortir la tête de l’eau. Sachez que le premier mois vous ne touchez rien, tout est décalé, alors que les factures continuent de tomber tous les mois, que votre loyer quoi qu’il arrive est bien présent et les crédits en cours aussi… pour peu que vous soyez plutôt juste comme moi en fin de mois, déjà en temps normal, vous vous retrouvez donc dans une situation plutôt pénible. Et ceci assez vite. Entre votre rééducation quotidienne et les problèmes financiers que votre situation engendre, il faut un moral d’acier pour prendre le dessus et trouver des solutions. Quelle agréable surprise lorsqu’au moment le plus délicat – au 3ème mois alors au plus bas financièrement – votre ex petite amie vient vous annoncer qu’elle réclame les 500 derniers euros que vous lui devez… Quel bonheur que de voir avec quelle froideur, celle qui vous aimait encore il y a peu est prête à vous enfoncer d’avantage dans votre situation sans état d’âme alors que vous étiez en bon terme avec elle jusqu’alors. Mais comprenez bien, les sauts en parapente ce n’est pas donné… sacrée Aude…
Heureusement j’ai aussi de bons côtés dans cette aventure à commencer par un kiné vraiment très bien. Aujourd’hui nous sommes devenus proche et nous nous considérons comme pote. J’espère que nous serons vraiment amis, un jour. Surtout que j’étais un peu retissant au départ d’aller le voir car même le pendulaire me faisait hurler de trouille et de douleur, ce qui aujourd’hui semble être une banalité. J’avais peur de bouger mon bras droit tellement que la douleur avant l’opération était violente. J’ai cru avoir de grandes difficultés à faire évoluer ce bras dans les temps et de manière constante. A se dire que je n’aurais jamais pu me servir à nouveau de ma souris en main droite. Quand on pense qu’au départ je ne pouvais même pas le poser sur la table du kiné. Qu’à chaque mouvement où mon bras était hors de son « fag » (bandeau de maintient, coude plié et le long du ventre, jour comme de nuit) je devais m’aider de mon bras gauche pour le déplacer et surtout pas en mouvement latérale ou là j’avais la petite larme à l’œil au moindre écart, même involontaire.
Posez votre bras sur votre bureau et laissez le glisser sur votre cuisse, ça vous donnera un peu l’état dans lequel mon bras était à la sortie de l’hôpital vers le 10 août 2006. imaginez que de toute votre volonté vous souhaitez déplacer votre bras mais qu’il est impossible de le faire… imaginez vous la situation… je veux déplacer mon bras mais rien ne bouge malgré la petite goutte au front tellement concentré en regardant ce bras immobile et qui ne bougera pas malgré votre respiration saccadée due à l’effort… c’est vraiment déstabilisant et c’est avec tout ce qu’il y a de plus naturel qu’à l’heure où j’écris ces quelques lignes j’ai retrouvé une autonomie naturelle pour l’utilisation d’un clavier, j’en souris de joie… je vous jure !
Certaine personne en revanche ont confirmé tout l’amour que j’avais pour eux à commencer par ma meilleure amie, Christine, sur qui j’ai pu toujours compter, même encore aujourd’hui si j’ai besoin d’un service. Christine est vraiment quelqu’un d’extraordinaire que j’ai toujours aimé très fort et cette relation que nous entretenons depuis quelques années déjà ne cesse d’évoluer. C’est Christine qui a su utiliser les bons mots pour prévenir mes parents lors de mon accident mais également gérer tous les petits tracas que cette situation engendre et c’est certains que ce n’est pas sur Elodie ou Aude que j’aurais pu avoir une totale confiance comme j’ai pu avoir avec Christine…
Bien sur que je n’oublie pas les acteurs principaux étant autour de moi depuis le début, et paradoxalement où cette situation nous a rapprochés d’avantage. J’aurais préféré apprendre à vous connaître dans de meilleures circonstances. C’est ainsi que j’ai découverts une amitié certaine avec Bertrand & Félicie qui m’ont particulièrement touché en venant me voir sur Saint-Malo alors que j’étais encore à l’hôpital. En m’envoyant une carte postale pendant leurs vacances. Ce sont ces petits riens qui font vraiment plaisir dès lors que l’on est au plus mal. Egalement avec Florent & Claire qui m’ont touché par leurs sincérités alors que je les connaissais froids et distants quelque peu avant. Par Julie (ma petite Leeloo), Jessica & Marine qui ont toujours répondues présentes et ont su m’apporter leurs sourire et leurs bonne humeur aux moments les plus durs, parfois, à l’hôpital ou l’ambiance n’était pas des plus gaie, et pour cause. Yann qui a su me vexer sans le vouloir (enflure) au départ mais s’est terriblement rattrapé par son amitié sincère et son humour. Mathieu & Franck avec qui le Joe Bar Team n’a qu’à bien se tenir, où humour rime avec amitié et où passion pour la moto devient le quotidien d’une réalité passant au dessus d’un bras dans le sac… merci !
Et je tiens vraiment à remercier très fortement Mickaël, Cyrille et Cédric pour leurs présence constante presque quotidienne, leurs conseils, mes remontés de moral qui chutaient parfois, mes pertes d’espoir d’évolution… mais également pour leurs nombreux services, être venu me chercher, m’avoir fait prendre l’air, m’avoir changé les idées… bref… m’avoir considéré comme je suis et non pas comme je paraissais avec mon handicape… vous trois, je vous dois beaucoup, énormément même… j’en ai le cœur serré que de vous écrire ces quelques lignes… je pense que vous y êtes beaucoup pour mon rétablissement rapide et le fait d’avoir en rien perdu cette passion pour la moto ! Merci également pour vos nombreux conseils en ce qui concerne mon prochain brelon, m’avoir aidé à m’orienter vers une nouvelle moto qui me correspond surement mieux que mon ancienne et avec qui je prendrais un plaisir certain, loin derrière vous et avec une approche différente de mon expérience passée…
Mon plus gros « big up », comme on dit, ira à ma famille et plus particulièrement à ma mère qui s’est terriblement bien occupé de moi. Comme un roi. Faut dire qu’à mes débuts rien n’était simple. Le simple fait d’ouvrir un yaourt, seul, relevait de l’exploit si j’arrivais à ne pas m’en mettre partout. Impossible de porter quoi que se soit même un verre d’eau s’avérait être délicat. Paille obligatoire. Impossible de me servir d’un couteau, car impossible de trancher, le geste me faisait terriblement mal. Non sincèrement ma maman sur ce coup c’est avérée, une fois de plus, être une véritable fée… elle m’a offert un terrible repas d’anniversaire avec mes amis en septembre… c’était génial ! Cet accident m’a également rapproché d’un père plutôt distant et froid. Ce père m’a bien fait comprendre qu’il n’aurait jamais pris de son temps pour s’occuper de moi comme le faisait ma mère, mais aurait engagé une tierce personne pour s’occuper de moi, comme on le fait avec les personnes seule ou les retraités. Cette réflexion de sa part, dans la situation où j’étais m’a terriblement détruit et attristé. Mais aujourd’hui et avec un peu de recule je redécouvre ce papa et c’est avec grand bonheur que je m’aperçois que mon jugement depuis toutes ces années était quelque peu démesuré même si parfois il laisse croire à une dureté dans ses propos. Mon père ne m’a jamais porté de jugement sur cet accident et m’a même fait ressentir un amour bien caché jusqu’alors, chose rare !
Il faut savoir qu’un accident où l’on prend conscience de la vie et de ses valeurs, où l’on se rend compte que l’on est vulnérable, qu’un rien peut vous faire basculer vers un extrême de vie radicale permet de relativiser sur beaucoup de chose. Ca permet de faire le point avec sois même et de mieux cerner ses objectifs. De définir ses craintes mais aussi ses joies. Un accident de cette ampleur vous fait comprendre des choses auxquelles vous n’auriez même pas pensé en temps normal. Même votre pire ennemi finalement vous lui offrez un verre parce que finalement votre différent n’a rien de si dramatique quand on sait le pire qui puisse arriver dans ces durs moments… Ces situations à l’hôpital où l’on « joue » avec sa vie – du moins c’est l’impression que ça donne quand on le vit – et où l’on prend conscience de la gravité des choses fait vraiment réfléchir sur ce qu’on est. Ces moments avant de s’endormir lors de l’opération, ou aux urgences lorsqu’on vous enlève le blouson alors que vous avez une multiple fracture à l’humérus et que seul votre conscience reste éveillée malgré la douleur qui vous fait chuter soudainement dans un état second malgré les calmants de type morphine… ça fait vraiment réfléchir, croyez-moi !
Et chaque jour qui passent, que se soit pour un moment difficile, une épreuve ou un moment délicat je repense à ces moments où j’ai cru y rester en prenant conscience pleinement qu’en y restant là à ce moment là je manquerais beaucoup de chose de ma vie et qu’il fallait vraiment s’accrocher pour survivre… se retrouver face à sa conscience éveillé et pleine de sagesse face à un corps qui s’endort, où l’on a l’impression de ne plus être que la petite voix sans pouvoir faire réagir son corps comme lorsque l’on ferme ses yeux, là par exemple… ça fait drôle… on ne sait plus si l’on est vivant ou mort, si l’on est encore dans ce corps que l’on ne sent plus, qui nous sommes et surtout ce qui va arriver… croyez moi, on s’accroche à ce qu’on peut et on espère vite ouvrir les yeux à nouveau… j’emploie surement des mots forts, mais ça résume l’état d’esprit que l’on est lorsque l’on se retrouve dans ces situations d’alerte maximum d’un point de vue survie où l’on se retrouve seul face à soit même sans rien pouvoir faire contre… on entend plus rien autour de sois, juste un gros broua incompréhensible de personne autour de vous qui s’agitent et vous bouscule par moment… on reste uniquement sur cette voix en tête qui vous parle alors qu’en temps normal cette voix c’est vous qui la dirigez, là elle s’adresse à vous… votre conscience ne vous appartient plus… étrange sensation !
Voilà, je pense avoir fait le tour de cet arrêt au stand d’un peu plus de trois mois. Je ne peux pas dire que je l’ai bien vécu. Disons que c’est avec mes amis et ma famille que j’ai réussi à surmonter cette épreuve avec le plus de simplicité possible. Aujourd’hui j’ai hâte de reprendre mon activité professionnelle que j’adore et dans laquelle je me construits et continue à apprendre beaucoup de chose, de retrouver mon petit chez moi, malgré un déménagement incessamment sous peu, et de reprendre mon petit train de vie. La mer me manque, beaucoup moins les chiures de mouette sur ma voiture même si leurs chants, le matin entre autre, en sortant mon chien dans le jardin ou sur la plage me manque vraiment… l’odeur de l’iode, la mer qui vient se jeter devant mon jardin lorsqu’elle est haute, le vent dans la capuche, la pluie qui coule sur les lunettes, les pieds qui mouillent dans les sandales, les joggers qui passent devant chez moi… non mais c’est vrai que mon petit quotidien me manque !
Silence, ça tourne…
David